MADRID (AFP)
11 Mars 2004 18h10

186 morts et 1.000 blessés dans des attentats à Madrid attribués à l'ETA

Au moins 186 personnes ont été tuées et plus d'un millier blessées dans une série d'attentats simultanés jeudi matin contre des trains à Madrid, attribués par les autorités espagnoles à l'organisation séparatiste basque ETA, trois jours avant les élections législatives.

Ces attentats, non revendiqués, sont les plus meurtriers qu'ait connu l'Espagne.

Dix bombes ont explosé, visant quatre trains dans trois gares de Madrid ou de sa banlieue, autour d'une même ligne ferroviaire. Les artificiers ont également fait exploser trois autres engins, selon le ministre de l'Intérieur Angel Acebes.

Sept bombes ont explosé à la gare centrale d'Atocha, une des plus grandes de Madrid, "une dans la gare de Santa Eugenia et deux dans celle du Pozo", dans la banlieue madrilène, a indiqué le ministre. Les explosions se sont produites vers 07h30 (06H30 GMT), heure de grande affluence, à 4 ou 5 minutes d'intervalle et sans avertissement préalable.

"Les forces de sécurité de l'Etat et le ministère de l'Intérieur n'ont aucun doute que le responsable de cet attentat est l'organisation terroriste ETA", a-t-il dit.

Localisation des attentats de Madrid

Les enquêteurs n'excluent pas que certaines bombes aient pu être placées sur la voie ou les quais, et d'autres dans les trains.

L'explosif employé est de la dynamite, habituellement utilisée par l'ETA, a indiqué une source de la lutte anti-terroriste, sans préciser s'il s'agissait de titadyn, dynamite industrielle volée par l'ETA en France.

La radio privée espagnole Cadena Ser a évoqué 200 kg d'explosifs.

A Atocha en fin de journée jeudi, les secouristes continuaient d'extraire des cadavres des deux wagons éventrés d'un train de banlieue visé alors qu'il se trouvait à un changement d'aiguillage près de la gare. Dans le train reposaient encore des corps recouverts de couvertures. Les voies étaient jonchées de câbles arrachés, sièges broyés, vêtements déchirés...

Un hôpital de campagne a été installé dans un gymnase proche de la gare où se concentraient les blessés.

Une morgue a été improvisée dans les locaux de la Foire d'exposition de Madrid (Ifema), où une équipe de 70 médecins légistes devait tenter d'identifier les corps. 150 familles, sans nouvelle de leurs proches, se sont rendues sur place, selon la Croix-Rouge.

© Christophe Simon
Les secours affluent autour de la gare d'Atocha

Alors que les télévisions espagnoles montraient en continu des images du massacre et que les journaux sortaient des éditions spéciales, parlant d'un "11 septembre" espagnol, des centaines de personnes ont donné leur sang.

Le dirigeant de Batasuna, parti radical basque interdit pour ses liens avec l'ETA, Arnaldo Otegi, a condamné ces attentats, "actions aveugles", et dit ne "même pas" envisager qu'elles émanent de l'ETA, qui prévient "toujours" au moment de poser des explosifs. Il les a attribuées à la "résistance arabe".

Batasuna n'a jamais dans le passé condamné des actions terroristes de l'ETA.

Interrogé sur la thèse d'une implication du réseau Al-Qaïda, Angel Acebes l'a qualifiée d'"intoxication", la jugeant "intolérable".

"La méthode utilisée" avec des sacs à dos piégés a déjà été employée par l'ETA, a insisté le ministre. Il a rappelé que les autorités avaient déjoué peu avant Noël un attentat de l'ETA contre une gare de Madrid utilisant un sac à dos.

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